Les femmes sont très peu représentées dans l’enseignement supérieur sur le continent africain – que ce soit sur les bancs des écoles et universités ou dans leurs conseils d’administration.
Cela n’est pas sans conséquence, notamment au niveau sociétal, dans l’intégration de la femme dans le processus de prises des décisions majeures.
De plus, les enjeux de l’inclusion des femmes dans l’enseignement supérieur en Afrique, plus particulièrement en Afrique de l’Ouest, représentent une problématique complexe puisqu’elle est directement liée aux questions de développement en général dans cette partie du globe.
Les obstacles à l’implication des femmes dans l’enseignement supérieur en Afrique
Si l’enseignement secondaire est la porte d’entrée de l’enseignement supérieur pour les femmes, les politiques gouvernementales contraignent souvent les filles à fréquenter des écoles secondaires de mauvaise qualité. L’effet d’un enseignement secondaire de mauvaise qualité pour les filles se traduit par leur grave sous-représentation dans des filières plus compétitives, comme la médecine et l’ingénierie dans les universités publiques. En fait, la faible présence des femmes apparaît bien avant l’étape des études supérieures : dès l’enfance, les discriminations conscientes et inconscientes favorisent l’éducation longue des garçons et découragent au contraire les filles à se lancer dans de grands parcours d’études.

Le cadre historique, politique, culturel explique de fait bien des choses quant à la faible représentation des femmes. Depuis la période coloniale des pays africains, le genre a été un déterminant important de l’offre d’éducation. La position subordonnée des femmes, découlant des structures économiques coloniales associées aux pratiques culturelles traditionnelles, a déterminé la mesure dans laquelle elles pouvaient participer à l’éducation, à tel point qu’au cours des dernières décennies du colonialisme, une très faible proportion de filles fréquentait les écoles primaires et secondaires.
Or, ce genre de cadre ne peut être bousculé en quelques années. Dans une certaine mesure, il détermine encore beaucoup de pratiques et concrètement a toujours une incidence sur la faible place accordée aux femmes dans l’enseignement supérieur en Afrique de l’Ouest.
Comment résoudre efficacement ce problème ? Quelques pistes :
Il est nécessaire de miser sur des stratégies relativement simples en tenant compte de la dimension de genre. Ces stratégies ne se limitent pas à permettre l’accès des femmes aux enseignements supérieurs, mais portent également sur les questions qui affectent la capacité des femmes à participer pleinement et à être performantes au sein de ces institutions.
Sur la base des recherches du Forum des éducatrices africaines[1], les principales priorités pour remédier aux inégalités entre les sexes dans les écoles supérieures africaines sont mises en évidence. En réponse aux défis de la sous-représentation des femmes dans les facultés de sciences, de technologie et de commerce, de l’environnement peu propice de ces institutions qui perpétue l’inégalité entre les sexes et enfin du manque de femmes dans les rôles de direction institutions, voici les recommandations clés du Forum :
- Mettre en place un processus de recrutement et de promotion tenant compte de la dimension de genre dans les écoles et institutions d’enseignement supérieur.
- Mettre en place des organes et/ou comités pour mettre en œuvre et contrôler l’impact des politiques de genre au sein des établissements.
- Lancer d’urgence des recherches sur l’enseignement supérieur, en particulier dans une perspective de genre, afin de produire une politique adaptée et pertinente.
- Accélérer la diffusion de la politique d’égalité des sexes et traduire cette politique en actions concrètes.
- Lancer et renforcer une politique délibérée pour s’assurer que l’environnement des écoles supérieures prend en compte les besoins des étudiantes et des enseignantes dans les domaines de l’infrastructure, du programme universitaire, de l’environnement social, etc.

Agir en ce sens aujourd’hui, c’est agir contre le maintien de ces pays dans le sous-développement, car on sait aujourd’hui que l’implication croissante des femmes dans l’enseignement supérieur a favorisé le développement de certains pays comme en Asie par exemple. Et qu’il en a été de même dans les pays européens qui ont émergé grâce à l’implication des femmes dans l’enseignement supérieur et dans le reste des affaires de ces pays.
Si ce sujet vous intéresse, nous vous invitons à lire le dernier rapport mondial de suivi sur l’éducation de l’UNESCO et notamment la partie dédiée à aux efforts pour l’égalité des genres dans l’éducation (disponible en anglais pour le moment) ici.